Smart³ : “Pouvez-vous nous raconter votre parcours dans le secteur des bâtiments intelligents et décrire votre rôle actuel chez OGGA ? Comment votre expérience vous a-t-elle amené à vous engager au sein de la Smart Buildings Alliance for Smart Cities (SBA) et quel est votre rôle dans cette organisation ?”
Stéphane Gagnat : “J’ai co-fondé OGGA en 2014 avec la conviction que l’on pouvait lutter contre un gaspillage d’énergie colossal dans les bâtiments. L’histoire nous a donné raison. La reprise économique post-pandémie, la crise énergétique, l’instabilité géopolitique et la situation inflationniste ont bouleversé notre rapport à l’énergie en seulement deux ans. Ce multi-contexte a mis en évidence la nécessité de trouver des solutions pérennes et a conduit à une prise de conscience accrue de l’importance concernant l’efficacité énergétique. Aujourd’hui, si chacun d’entre-nous est concerné, les Organismes de logement social concernés par les fluctuations des prix des énergies et les ménages à revenus modestes ont été les plus impactés. En parallèle, la trajectoire à adopter pour assurer la décarbonation de la chaleur dans le bâtiment demeure une question épineuse. Une accélération est requise à la fois sur le niveau de rénovation énergétique pertinent et sur la mutation de nos usages. Pour parfaire ce paysage, l’habitabilité estivale des logements est un enjeu de santé publique et pas seulement de confort.
En tant que dirigeant d’une société expert dans le domaine des bâtiments intelligents, j’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreuses organisations et de participer à de nombreux projets dans ce domaine. Au fil des ans, j’ai réalisé que la collaboration et la coopération entre les différents acteurs étaient essentielles pour faire progresser l’industrie, la réglementation et proposer des ressources utiles aux maîtres d’ouvrages. Les publications de la SBA sont ainsi devenues de vraies références.
J’ai souhaité que des membres de l’équipe d’OGGA s’engagent dans certaines commissions clés de la SBA pour participer à la rédaction de guides de bonnes pratiques à destination du secteur.
– Au cours de votre carrière, quelles sont les contributions ou les projets dont vous êtes le plus fier ? Comment ces initiatives ont-elles influencé ou transformé l’industrie des bâtiments intelligents, et quel impact espérez- vous qu’elles auront dans le futur ?
Certains thermostats présentent une prise en main difficile par les utilisateurs, notre plus grande fierté est donc de proposer dans la jungle des solutions d’efficacité énergétique, un produit simple à utiliser pour l’occupant et également facile à poser pour l’installateur. Avec Eco-Touch, le logement devient intelligent en intégrant des systèmes technologiques capables de mesurer, de contrôler et de réguler la consommation d’énergie, tout en évitant des consommations inutiles. Mais ce n’est pas tout, il devient “super-intelligent” en intégrant une brique d’intelligence artificielle auto-apprenante supplémentaire. Basé sur les comportements des occupants, notre algorithme prédictif est conçu pour anticiper les besoins énergétiques en tenant compte des résultats survenus précédents : départ/retour au domicile, horaires du coucher et du lever… Tout comme pour les bâtiments, il devient primordial pour les bailleurs de pouvoir disposer d’un outil lui permettant de suivre précisément les performances de ses chaufferies collectives dans le but d’optimiser leur exploitation et de s’assurer du bon fonctionnement de ses équipements. La bonne maîtrise de ces données “chaufferie” permet également au bailleur de garantir un confort durable au sein des logements et donc de maintenir un bon taux de satisfaction chez ses locataires.
– Selon vous, quels sont les enjeux majeurs et les opportunités pour l’industrie des bâtiments intelligents dans les années à venir ? Comment envisagez-vous l’évolution des technologies et des pratiques dans ce domaine pour répondre aux défis actuels tels que la durabilité, l’efficacité énergétique et l’amélioration de la qualité de vie des usagers ?
Décarbonation, coût-disponibilité-flexibilité des énergies, gouvernance des données, inclusivité et accompagnement au changement des publics cibles, hybridation des usages, habitabilité climatique, interopérabilité des technologies, connectivité multi-protocoles, souveraineté industrielle, réglementation…. le bâtiment condense tous les défis de notre société. La décarbonation du secteur, par exemple, ne se fera pas sans l’IA, mais la bonne dose d’IA. Elle peut certainement compléter et améliorer les processus de collecte de l’information, de fiabilisation des données et donc de prise de décision face à des objectifs définis. Elle vise également, et nous le proposons déjà, à définir le bon scénario de fonctionnement d’un appareil connecté aux bénéfices des gestionnaires et usagers du bâtiment. C’est le travail que nous menons aux côtés de la SBA et de ses membres.”