EnergieSprong et la SBA ont une conviction en commun : l’industrialisation des process de la construction et le pilotage des usages sont devenus indispensables, si l’on veut accélérer les rénovations du bâtiment de qualité. Sébastien Delpont, directeur d’EnergieSprong France et directeur associé de GreenFlex, et Emmanuel François, président de la SBA, dévoilent leur vision partagée, s’accordant sur le fait que, dans tous les cas, le numérique est incontournable et qu’il doit accompagner tout projet de rénovation du bâtiment, a minima pour l’instrumenter.

 

À l’heure du Plan France Relance et du Décret Tertiaire, pensez-vous que le temps de massification de la rénovation énergétique du bâtiment est enfin arrivé ?  

Sébastien Delpont – C’est en tout cas notre volonté et notre démarche. EnergieSprong entend déployer à grande échelle les rénovations zéro énergie garantie. En la matière, il faut engager un mouvement plus ambitieux, pour faire mieux et moins cher. Nous accompagnons les maîtres d’ouvrage sur la voie d’un objectif ″zéro énergie″, en les incitant à investir dans des équipements performants et qualitatifs. L’enjeu est de transposer les exigences du neuf aux bâtiments existants après rénovation. Voire d’aller encore plus loin, en atteignant un bilan ″zéro énergie″, tout en assurant cette performance sur 30 années au moins. C’est à ce prix que nous pourrons généraliser une rénovation énergétique, qui respecte un cahier des charges exigeant. EnergieSprong peut être comparée à la démarche bio dans l’agriculture : elle est exigeante et simple. Il lui faudra du temps pour se développer, puis tout le monde en voudra et ces rénovations très qualitatives deviendront un standard du marché. Pour convaincre aujourd’hui les maîtres d’ouvrage d’engager des travaux plus ambitieux, il faut leur faire comprendre l’intérêt d’industrialiser les process, pour accélérer l’exécution des chantiers, mais aussi de jouer collectif et de s’aligner sur des spécifications communes, pour déployer les solutions en volumes, éviter de refaire trop d’études et faire ainsi des économies d’échelle.

Emmanuel François – La massification des rénovations nécessite de créer la confiance dans les performances obtenues sur le long terme. Le numérique devient alors indispensable, pour mesurer les résultats et suivre des indicateurs d’efficacité énergétique. C’est une clé du succès. Dans tous les cas, en fait, une infrastructure numérique mérite d’être installée avant même la rénovation, pour être en mesure de collecter les données réelles de consommation d’énergie. En particulier les passoires thermiques, parce que le fait de constater ses dépenses énergétiques permet de réaliser des économies facilement, jusqu’à 30 %, et de décider quels sont les investissements à engager, en toute connaissance de cause. Au final, le numérique  apporte beaucoup plus que la réduction des consommations énergétiques, avec des nouveaux services pour le maintien à domicile des personnes âgées par exemple ou un entretien plus efficace. L’approche EnergieSprong est fondée sur des technologies éprouvées, comme la préfabrication en usines de façades isolantes, mais aussi sur l’installation de panneaux photovoltaïques, sur la mise en place de ventilations intelligentes ou sur la supervision et le pilotage de l’efficacité énergétique et du confort dans le cadre d’un engagement contractuel. C’est pour cela que la SBA soutient la démarche EnergieSprong.

Comment finance-t-on ces rénovations ambitieuses et leurs investissements ? 

Sébastien Delpont – L’une des actions de GreenFlex – l’entreprise coordinatrice du programme EnergieSprong en France – est d’explorer les solutions de financement et ainsi de faciliter la mise en œuvre des projets de rénovation : CEE, MaPrimRenov’, Contrats de Performance Energétique… Les bailleurs sociaux peuvent de leur côté s’adresser à la banque des territoires, qui a développé des offres de prêts dédiés pour ces opérations. Pour les projets privés, les pistes du rapport d’Olivier Sichel, remis aux ministres de l’Écologie, du Logement et des Finances le 21 mars 2021, sont intéressantes. Ce texte ″pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des logements privés″ veut notamment réfléchir sur la mobilisation du financement pour les ménages.

EnergieSprong promeut un modèle économique innovant qui considère création de valeur immobilière et économie d’énergie futures dans une vrai approche intégrée en coût global. Par exemple, aux 30 000 € de budget travaux prévus pour des considérations immobilières (ravalement, toiture…), on ajoute un budget représentant les 30 ans d’économies d’énergies garanties, par exemple 1 000 euros par an, soit 30 000 €, et les CEE générés, environ 15 000 € en plus. Cela permet de mobiliser jusqu’à 75 000 € pour une rénovation hautement qualitative et durable, sans perturber le modèle d’affaire du bailleur. Il s’agit de transformer des dépenses énergétiques futures en ″surinvestissement″ pour la qualité immobilière et écologique. Ce qui est créateur de plus de valeur, d’emplois locaux et de qualité de vie pour les occupants.

Emmanuel François – Le modèle économique très novateur d’EnergieSprong pourrait aussi s’appliquer à l’aménagement numérique des bâtiments dans le cadre des rénovations. Cela permettrait de porter à grande échelle l’efficacité énergétique et le numérique dans l’immobilier, pour faire chuter le bilan carbone du secteur. Imaginez : en moyenne, un habitant paie 1 500 euros d’énergie par an, pour le gaz et l’électricité. Grâce à la rénovation réalisée avec la démarche EnergieSprong, il ne paiera plus que 500 euros environ. Mille euros gagnés ! S’il acceptait de réinvestir seulement 750 euros de cette somme dans une infrastructure numérique, il gagnerait sur tous les tableaux : plus de confort, plus de services, plus de sécurité, une meilleure qualité de vie, moins de préoccupations, la possibilité de rester à domicile dans les meilleures conditions pour les plus âgés… Aujourd’hui, la situation est bien différente, où chacun arrive avec sa solution pour la maintenance, la sécurité incendie, télésurveillance… avec des systèmes qui ne communiquent pas entre eux. Il est temps de mettre en place un modèle économique où ceux qui investissent en profitent et que ce soit indolore financièrement pour les usagers !

Comment les acteurs du bâtiment peuvent-ils s’engager dans la voie EnergieSprong de la rénovation ?  

Sébastien Delpont – Il faut qu’ils acceptent de se fédérer dans un véritable élan collectif. La seconde édition du concours d’innovation EnergieSprong peut les aider à développer cette approche de collaboration. L’objectif ? Faire émerger des solutions innovantes et moins chères en coût global, pour des rénovations à zéro énergie garantie en accompagnant de nouvelles entreprises à proposer et développer de nouveaux produits. Ce concours finance les développements de différentes équipes et s’adresse à trois catégories de solutions :

  1. Des solutions de rénovation complètes et intégrées pour des maisons, en un temps record et un coût réduit,
  2. Des façades isolantes performantes à coût optimal pour des bâtiments éducatifs,
  3. Des solutions qui permettent aux occupants de logements collectifs de mieux piloter et optimiser leurs habitudes énergétiques : usages, effacement, autoconsommation, qualité d’air intérieur.

Emmanuel François – C’est cette dernière catégorie qui va intéresser en priorité les adhérents de la SBA. Nos membres, fabricants et intégrateurs de systèmes, concepteurs de logiciels, etc. peuvent concourir en groupe et construire une solution complète, intégrant des briques hardware et software par exemple, pour faire émerger des usagers consomm’acteurs. Je vous encourage donc à participer à ce concours d’innovation, qui valorisera vos solutions, vous accompagnera dans vos démarches de développement, vous incitera à travailler ensemble et vous permettra de faire du business. Un concours 100 % gagnant !

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