À eux deux, ils consomment les trois quarts des énergies mondiales* . De plus en plus d’acteurs de la ville considèrent donc que les secteurs du bâtiment (44 %) et des transports (31 %) devraient être pris en compte ensemble dans le cadre de modèles centrés sur l’usage et le partage, pour agir plus efficacement pour la transition énergétique. Une commission réunissant des spécialistes de l’immobilier et de la mobilité a décidé de prendre les choses en mains.

« Saviez-vous que les véhicules passent 95 % de la journée en moyenne sans rouler, et que les bureaux, mais aussi les salles de classe, sont inoccupés près de 70 % du temps ? interroge Emmanuel François, Président de la SBA. Voilà pourquoi l’immobilier a tout à gagner en partageant ses espaces en fonction des usages du bâtiment, pas de la propriété. La mutation est d’ailleurs amorcée, comme l’illustre le succès grandissant des offres de partages de bureaux, de salles de réunion, d’espaces de conférences, voire de places de parking, à l’instar de celles proposées par Bird Office, Hub-grade ou Zenpark par exemple. La même évolution est constatée dans la mobilité, avec de plus en plus de propositions de vélo free floating et de car sharing. » Une révolution est donc en marche dans le bâtiment et la mobilité à la fois… mais de manière indépendante. Or, les villes et les usagers obtiendraient de meilleurs avantages si l’on mutualisait les usages des espaces immobiliers et de la mobilité. 

Les bénéfices des ruptures technologiques

Au-delà des changements de mentalités liés aux besoins d’économies et à la prise de conscience écologique, cette évolution a été rendue possible grâce aux ruptures technologiques. « On pense évidemment à la transition 4.0 des bâtiments grâce au numérique, qui les rend plus flexibles et évolutifs, ce qui permet d’optimiser les coûts de construction et d’exploitation, déclare Emmanuel François. Même tendance pour la mobilité, avec une électrification des véhicules inéluctable, imposée par l’obligation pour les constructeurs de tenir la moyenne de 95 g de CO2 par km d’ici 2021 en Europe. » Dès 2030, la moitié des voitures devront alors être électriques, hybrides ou électriques à hydrogène. L’enjeu est économique et environnemental, comme pour le bâtiment, mais aussi sanitaire. « Face aux 48 000 décès prématurés en France qui seraient liés directement aux particules de l’air**, espérons que le passage de la voiture thermique à l’électrique sera aussi rapide que le phénomène observé au début du XXe siècle, présage Emmanuel François. Une dizaine d’années seulement ont suffi à New-York pour basculer complètement de la calèche à l’automobile. » 

Un rapprochement de l’immobilier et de la mobilité

Ces prises de conscience et ces évolutions technologiques parallèles conduisent logiquement les acteurs du bâtiment et du transport à s’interroger sur un rapprochement de leurs modèles de développement, centrés sur l’usage, le partage et la mutualisation. « Une offre de mobilité intégrée au bâtiment, avec des solutions de véhicules électriques à partager et la mise en réseau des bâtiments et des sources énergétiques décarbonées locales, pourrait voir le jour, suggère Emmanuel François. Mais avant cela, nous devrons concevoir une offre de services homogène de partage de mobilité et des espaces, en utilisant au mieux les infrastructures existantes. » Mieux : le véhicule électrique pourrait servir d’élément de stockage d’énergie, pour lisser les consommations du bâtiment, voire du quartier. L’automobile deviendrait ainsi un composant à part entière du Smart Grid et un périphérique du bâtiment.

Lancement de la Commission R2S4Mobility le 15 janvier

La SBA a commencé à travailler sur le sujet, avec l’idée d’intégrer au bâtiment des outils numériques pour proposer un bouquet de services pour le partage d’espaces et de mobilité. « Dans cette perspective, une Commission R2S4Mobility est lancée le 15 janvier 2020, déclare Emmanuel François. Sa mission ? Mettre en place une méthodologie et un référentiel « Ready4Mobility », à l’image du label R2S des bâtiments tertiaires et résidentiels, afin de créer une interopérabilité des systèmes entre eux. De cette manière, dans la rue, chaque usager sera informé de la disponibilité des véhicules de partage, s’ils sont chargés et quelles sont les conditions tarifaires de chacun. Nous avons prévu de livrer ce label à l’occasion du prochain Mondial de l’Automobile en octobre 2020 à Paris. » 

Trois grands axes et un appel à participation

Cette commission vise à accueillir tous les acteurs intéressés, de la ville, de l’intelligence du bâtiment, de l’automobile, du stationnement… et sera organisée autour de trois grands axes : les modèles d’affaires autour des besoins de la mobilité liés au bâtiment, les écosystèmes énergétiques pour le binôme bâtiment/mobilité (production, stockage, effacement…) et l’environnement juridique et réglementaire. « Dès à présent, on peut même s’interroger sur le fait que cette convergence du bâtiment et de la mobilité fasse évoluer les activités des acteurs et implique des nouveaux tiers, comme les GAFA, qui pour certains investissent déjà dans la mobilité et les Smart Cities, conclut Emmanuel François. À ce titre, l’annonce du groupe Toyota de vouloir bâtir une ville au pied du Mont Fuji s’annonce comme un prémice du floutage entre les métiers, conséquence de la convergence du bâtiment et de la mobilité. »

* https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/energie-dans-batiments
**https://www.sciencesetavenir.fr/sante/particules-fines-et-sante-tous-les-scenarios-d-evolution-technologique-du-parc-automobile-sont-positifs_135574

 

Des objectifs et groupes de travail établis dès décembre 2019

Le Groupe Bouygues, l’écosystème de mobilité durable Movin’On animé par Michelin, Renault, Schneider Electric et la SBA se sont réunis le 10 décembre 2019, pour constituer le premier groupe de travail intersectoriel sur le sujet convergence du bâtiment et de la mobilité, avec également autour de la table des acteurs, tels que l’IFP Energies Nouvelles, le CSTB, Certivéa, Avere France, Enedis, l’INES et le CEA. En capitalisant sur leurs synergies, leur objectif est de sensibiliser les donneurs d’ordre du bâtiment et des territoires au sujet de l’intégration de la mobilité électrique.

(Extrait du Communiqué de Presse du 11 décembre 2019)

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