Le secteur de la propreté n’est que trop rarement associé à l’innovation. C’est une erreur, d’autant que la filière se modernise, avec l’objectif de mettre la technologie au service de chacun pour améliorer le confort au quotidien. L’immobilier de bureaux constitue quant à lui le principal marché du secteur de la propreté, représentant à lui seul 36 % du chiffre d’affaires. Marc Guerrien, responsable du Pôle Études, Recherche & Développement du Monde de la propreté, estime qu’il « est temps que le smart building intègre l’activité de propreté, parce qu’elle est indispensable au bon fonctionnement du bâtiment ». C’est d’ailleurs une des raisons qui a incité la FARE Propreté à rejoindre la SBA.

50 ans de structuration de la filière propreté

En 50 ans, la filière de la propreté s’est profondément transformée. « Jusqu’aux années 1970, les entreprises avaient leurs propres agents d’entretien ou leur concierge, raconte Marc Guerrien. Il y a eu ensuite une vague d’externalisation, dans un objectif d’économies, et le marché de la propreté s’est déployé. Mais la propreté a trop souvent été considérée, à tort, comme la corvée nécessitant peu de savoir-faire que l’on délègue à d’autres. Les entreprises clientes ont ainsi eu tendance à ne pas reconnaître la valeur du service et à vouloir tirer toujours plus les prix vers le bas. L’enjeu du secteur a donc été au contraire de démontrer tout son professionnalisme et c’est ainsi qu’il s’est structuré. » 

Aujourd’hui, la branche regroupe plus de 600 000 salariés et dirigeants d’entreprises, avec 14 000 sociétés qui emploient au moins une personne. Son chiffre d’affaires a augmenté plus vite que le PIB national au cours des 10 dernières années. Elle possède son organisation professionnelle (FEP) qui déploie un réseau de proximité, son organisme de formation (INHNI) afin de professionnaliser ses agents, son centre technique (CTIP), son label (Qualipropre) et son fonds d’innovation et de développement (FARE Propreté). Sans oublier le Pôle Études Recherche & Développement, chargé d’analyser les tendances sur des thèmes variés, tels que la RSE ou la transition numérique !

Une branche qui opère sa transition numérique

« La transition numérique de notre secteur est véritablement un défi que nous devons relever et c’est un sujet sur lequel nous avons travaillé dans le cadre d’une première étude dédiée, poursuit Marc Guerrien. Avec les remontées d’information en temps réel, la multiplication des capteurs dans les bâtiments, les clients recherchent des services de propreté ajustés aux besoins réels des utilisateurs. Dans l’absolu, c’est une évolution intéressante, qui permet de rationaliser les interventions, de hiérarchiser les tâches et de ne plus effectuer les prestations à l’aveugle, surtout quand c’est possible en continu en journée. » L’activité de propreté est en effet souvent réalisée en horaires décalés, sans que les agents ne voient ce qui se passe, et sans que les utilisateurs ne voient ce que les agents font. Le numérique contribuera donc à des interventions plus ciblées et plus pertinentes, comme par exemple le réapprovisionnement en savon liquide ou en papier toilette à bon escient, grâce aux données remontées par les capteurs et autres systèmes communicants du bâtiment.

Propreté à la demande et apport de nouveaux services

Certains clients voient déjà plus loin, avec des demandes de l’ordre de la “propreté à la demande” qui exigent une réponse quasi instantanée. Quelques sociétés de propreté y répondent en intégrant des outils prédictifs à la gestion des plannings de leurs agents. L’évolution est en marche, avec davantage de reporting et de traçabilité. Mais elle doit être encadrée et tenir compte des réalités de l’organisation du travail des agents (horaires, conditions de travail,…). L’évolution intégrant davantage de prestations en continu et en journée contribue à favoriser la coprésence des clients et des agents, et ainsi à renforcer la dimension relationnelle et servicielle. Cela permet aussi aux agents d’avoir des horaires de vie plus compatibles avec le reste de la société, de ne plus être invisibles et d’avoir des actions plus en phase avec les besoins réels dans les bâtiments. La combinaison avec l’utilisation du numérique a en plus permis d’identifier un potentiel de transformation important du marché. 

Avec une meilleure connaissance des usages dans le bâtiment, les entreprises de propreté peuvent aisément repérer des besoins de services complémentaires et y répondre. « La mission des entreprises de propreté et services associés est en effet de prendre soin des lieux et des personnes qui les occupent, et de garantir leur confort et leur bien-être, confie Marc Guerrien. En ce sens, les travaux de la SBA nous intéressent tout particulièrement, notamment sur l’interopérabilité dans le bâtiment, afin de multiplier nos services et de répondre toujours au plus près des besoins réels des utilisateurs. »   

Quel futur pour la branche de la propreté ?

Comme pour toutes les autres activités, la crise sanitaire a impacté la filière de la propreté. « Le recours au télétravail s’est accentué et, si cela continue, les surfaces de bureaux à nettoyer diminueront progressivement. Cette tendance s’est déjà amorcée. Pourtant, je ne crois pas que cela signifie une réduction d’activité pour notre branche car d’autres besoins, plus qualitatifs, émergent. » Il est en effet probable que les besoins de nettoyage soient plus intenses et plus réguliers, puisque les flux de personnes seront plus nombreux dans les bureaux. Les espaces de travail seront un peu comme des gares par exemple, où la fréquentation est dense, nécessitant des nettoyages continuels tout au long de la journée alors même que les voyageurs sont présents. Dans ce cadre, le numérique est incontournable pour être plus réactif. Il restera alors à bien en mesurer les conséquences. « Notamment sur la protection des données personnelles, note Marc Guerrien. Nous avons déjà travaillé avec des cabinets d’avocats sur le sujet et nous avons pu établir que la donnée n’appartient clairement à personne, entre le propriétaire, celui qui a posé les capteurs, un prestataire (de la sécurité par exemple) ou encore un fournisseur de machines de nettoyage, chacun est en mesure de collecter et utiliser des données. Nous avons même rédigé un guide de bonnes pratiques numériques pour les entreprises de la propreté. Le sujet pourra être approfondi avec la SBA. » 

L’intégration de la propreté dans le bâtiment de demain

« Il faudra imaginer des voies de circulation compatibles avec l’utilisation de nouvelles machines, comme des cobots de nettoyage, par exemple. La conception des bâtiments devra aussi prévoir systématiquement des locaux dédiés aux agents de propreté, pour améliorer leurs conditions de travail et leur permettre d’être performant au quotidien en étant informés des besoins des utilisateurs grâce au numérique. Cela nous permettra d’adapter nos interventions pour qu’elles apportent une vraie valeur aux occupants, car si nous nettoyons des surfaces et les sols, c’est bien pour leur confort et leur bien-être. »   

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