Le secteur du bâtiment pourrait s’inspirer de celui de l’informatique pour plus de sobriété énergétique. C’est en tout cas la conviction d’Arthur Danger, membre de la SBA et Directeur stratégique et solutions chez Naitways, opérateur cloud, hébergeur et intégrateur. À l’heure où la convergence OT (Operational Technology) / IT (Information Technology), entre les mondes physique et numérique, permet de créer du lien entre les silos de données dans le bâtiment, il est plus que jamais intéressant de rapprocher l’immobilier et l’informatique. Explications.


Cette conviction a une histoire… Naitways n’a pas toujours travaillé avec le secteur du bâtiment. Exploitant d’infrastructures informatiques, l’entreprise a choisi de s’intéresser avant tout aux métiers de ses clients pour répondre plus précisément à leurs besoins, quelles que soient leurs activités. « En 2015, nous avons été présentés à des startups qui cherchaient à monter des espaces de coworking dans des bâtiments flexibles et interopérables, capables de s’adapter aussi bien aux grands groupes qu’aux indépendants, avec une spécificité : une durée de bail court, » rapporte Arthur Danger. L’objectif était de fournir des offres de connectivité agiles pour permettre aux occupants de travailler en toute sécurité dans ces espaces. Ce fut le premier contact de Naitways avec le secteur du bâtiment.

Un fonctionnement en silos peu propice à la sobriété énergétique

« Quand nous nous sommes ainsi rapprochés de l’immobilier, nous avons constaté un fonctionnement en silos : la construction ou la rénovation d’un côté, et l’exploitation de l’autre, poursuit-il. En informatique, concevoir une infrastructure sans penser à son exploitation est une hérésie. Dans le bâtiment, à l’inverse, cela semble être monnaie courante. » Or, pour Naitways, si l’on conçoit un ouvrage en prenant déjà en compte les problématiques d’exploitation, on est capable de prévoir en amont la collecte d’informations et l’automatisation des systèmes, pour un fonctionnement plus économe en énergie. « Le numérique permet de briser les silos existants entre “construction” et “exploitation” dès la conception, insiste Arthur Danger. C’est même l’un de ses principaux atouts. » L’étude BPIE 2017 montre en effet que le simple fait pour un smart building d’être capable de collecter, de traiter et d’analyser ses données permet d’obtenir jusqu’à 25 % d’économie d’énergie.

 

Analyser les consommations globalement et mettre les solutions en commun

En matière de données du bâtiment, les exploitants se concentrent exclusivement sur ce qu’il consomme au quotidien, en négligeant bien souvent les dépenses en amont et en aval. C’est une erreur, selon Arthur Danger. « En fait, il faut voir plus large et considérer à la fois la consommation d’énergie du bâtiment, l’empreinte carbone lors de l’exploitation (dont les déplacements des techniciens pour la maintenance) sans oublier les dépenses liées au manque d’anticipation dans la gestion du bâtiment, en privilégiant la maintenance curative au détriment de la maintenance préventive, regrette-t-il. Par exemple, lorsqu’on constate une panne, on la répare, mais en attendant de l’énergie a été gaspillée. Tout cela, on pourrait le gérer en amont en créant un réseau numérique commun à l’ensemble des solutions techniques. On mutualise ainsi les éléments actifs (c’est-à-dire les serveurs, les systèmes de stockage…) et on en limite le nombre. Ce qui représente une économie substantielle. » Pour cela, il convient que les solutions partagent un même standard, un même protocole de communication. Puisque tout est commun au niveau de l’infrastructure, on consomme moins à la construction et moins à l’exploitation.

 

Standardiser, c’est économiser

« C’est justement le principe du cadre de référence R2S, qui permet d’optimiser l’exploitation du bâtiment et de renforcer la sobriété énergétique, affirme Arthur Danger. Le référentiel fait toute la différence, parce qu’il introduit un standard commun, celui du réseau numérique intelligent (réseau Smart), ce qui permet de limiter les systèmes, de croiser facilement les données, de comparer les bâtiments entre eux, et de centraliser son exploitation. » Pour comprendre l’intérêt de la standardisation, pensez à Windows®, quand une mise à jour est lancée, elle concerne des millions de postes informatiques parce qu’ils partagent le même standard. Mais attention à ne pas non plus trop en faire. « Parce qu’il subsiste une méconnaissance de la partie informatique dans le secteur immobilier, les maîtres d’ouvrage ont tendance à vouloir mettre trop de numérique dans leur bâtiment, avec cette idée de “qui peut le plus, peut le moins”. C’est une erreur, qui amène parfois à doubler le dimensionnement des systèmes informatiques et qui peut coûter très cher, à l’achat, mais aussi en exploitation, en coût financier, et en termes de consommation d’énergie. Un non-sens vis-à-vis des nécessaires exigences actuelles de sobriété ! »

 

Des économies exponentielles à l’échelle d’un parc immobilier

La mise en place d’un tel réseau est possible à l’échelle d’un parc immobilier, pas seulement au niveau du bâtiment, avec le pouvoir d’augmenter le volume d’économies d’énergie. Le réseau numérique fédérateur permet de centraliser les données de différents bâtiments dans un data center et d’avoir un accès distant à toutes les solutions techniques : moins d’actifs, moins de déplacements, plus d’économies. Car quand des centaines de bâtiments fonctionnent sur un même système, les économies sont exponentielles ! Il convient donc de favoriser la mise en place de capteurs pour collecter les données et de systèmes capables de les interpréter, pour piloter toutes sortes de données, de services et de fonctionnalités (hygrométrie, chaleur, qualité de l’air,…) et déclencher les réponses automatisées. Dans un hôtel, par exemple, on est ainsi capable d’éteindre les usages en toute sécurité au niveau de deux étages en période basse, puisque les deux tiers de ses chambres ne seront pas loués. Pour ce faire, il ne s’agit pas seulement de visionner les données, il faut aussi pouvoir en faire quelque chose, c’est-à-dire les traiter et les interpréter pour être capable de projeter l’exploitation du bâtiment au futur, à partir de ces données. « On prévoit bien des réseaux d’eau, d’électricité et de gaz dans les bâtiments, pour en optimiser les consommations et en éviter les gaspillages, souligne Arthur Danger. Pour en faire de même avec le numérique, il faut donc le considérer comme le 4e fluide du bâtiment. »

 

La prise de conscience sur cette partie informatique dans le bâtiment est en marche, ce qui va permettre à toute une population de maîtres d’œuvre d’évoluer et de concevoir des projets plus efficaces et mieux exploités. « Pour réveiller cette prise de conscience, conclut Arthur Danger, nous sommes en train de développer une solution pour suivre en instantané l’empreinte carbone des bâtiments que l’on aura équipés. D’ici un an, on verra en temps réel tous les bénéfices d’un réseau numérique fédéré pour réduire les consommations d’énergie lors du cycle de vie du bâtiment. » À suivre…

 

 

 

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