Photovoltaïque, géothermie, réseau de chaleur… la production d’énergie locale se développe, et bien souvent, à l’échelle même des bâtiments. Accélérée par l’avancée des technologies et l’évolution des réglementations, cette tendance pourrait conduire à transformer les bâtiments en autant de “centrales électriques virtuelles” (ou VPP : Virtual Power Plants). Surprenant pour le secteur le plus consommateur d’énergie aujourd’hui en France ? C’est surtout une bonne nouvelle pour notre souveraineté énergétique, la préservation de l’environnement, et les économies à la clé !


Une centrale électrique virtuelle, qu’est-ce que c’est ? Une combinaison de “petites” sources d’énergie et de systèmes de stockage d’énergie, pilotées par un système numérique. C’est justement ce que l’on retrouve parmi les smart buildings les plus vertueux. Un terreau fertile pour voir se développer de nouvelles formes de production d’énergie décentralisées.

Technologies et réglementations au service de l’émergence de l’énergie décentralisée

À l’heure où la situation énergétique actuelle place la sobriété sur le devant de la scène, on pense avant tout à troquer sa vieille chaudière contre une pompe à chaleur, éventuellement à installer des panneaux photovoltaïques. Pourtant, « les solutions disponibles pour faire des économies d’énergie et utiliser les énergies renouvelables sont multiples, note Olivier Gresle, Secrétaire général de la SBA, et Directeur Marketing, Innovation, RSE et Grands Comptes chez ENGIE Solutions. La géothermie à très basse énergie, par exemple, est intéressante. Elle permet d’exploiter l’inertie thermique des sous-sols, en posant des sondes et en faisant circuler un fluide caloporteur. Ici, la température est constante, 12 °C toute l’année. » 

Pompes à chaleur, photovoltaïque, géothermie… toutes ces solutions ont bénéficié des progrès technologiques ces dernières années, comme l’illustrent par exemple l’augmentation des rendements des cellules photovoltaïques atteignant 30 % (source) aujourd’hui et la chute de leur prix de 80 % en 15 ans (source), pendant que les coûts de l’électricité flambent ces derniers mois. Mais ce n’est pas tout, puisque les réglementations accompagnent cette évolution, pour que le recours à ces solutions devienne possible, voire rentable. « Citons notamment la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, qui renforce les obligations de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments non résidentiels, indique Olivier Gresle, et le Plan d’action de l’Etat pour presser le pas sur le passage à la géothermie. ».

 

La bonne solution ? Un mix de solutions de production à l’échelle du bâtiment

Néanmoins, si ces technologies de production d’énergie décentralisées présentent chacune des avantages, elles ont aussi des inconvénients. « L’intermittence pour l’une, le besoin d’électricité pour fonctionner de l’autre, liste Olivier Gresle. La meilleure solution consiste alors à opter pour un mix de ces technologies, pour disposer d’énergie au bon moment et au bon endroit. Selon le moment de la journée, on sélectionnera l’une ou l’autre pour bénéficier du meilleur confort au meilleur prix. » 

Le pilotage du bâtiment pour gérer entre elles ces différentes productions d’énergie décentralisées devient ainsi incontournable. Il est tout aussi essentiel pour équilibrer les flux d’énergies entre ces productions locales et les consommations au niveau du bâtiment. « Cet équilibre se joue ici en temps réel pour que tout fonctionne parfaitement, ajoute Olivier Gresle. Le numérique a donc toute sa place pour assurer ce pilotage en continu ! »

Là encore, il y a eu une réelle prise de conscience des pouvoirs publics sur ce qui est en train de se jouer. La consultation sur le pilotage du bâtiment lancée en janvier 2023 par le comité de prospective de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) apporte la preuve de la volonté des pouvoirs publics à donner l’opportunité au bâtiment “Virtual Power Plant” de se développer à l’avenir. Il s’agit en effet de trouver les conditions techniques, réglementaires et économiques nécessaires pour généraliser le pilotage numérique des bâtiments. La SBA participe d’ailleurs à cette consultation pour apporter sa vision et son expérience sur le rôle du bâtiment dans l’équilibre des réseaux d’énergie. À cela, s’ajoute la nouvelle version du décret BACS, publiée en avril dernier, qui va rendre obligatoire, d’ici le 1er janvier 2027, l’installation d’un système d’automatisation et de contrôle dans les bâtiments non résidentiels ayant des systèmes techniques de + de 70 kW, c’est-à-dire les bâtiments de plus de 1000 m².

 

« Tous les feux sont donc au vert pour envisager le déploiement, dans un futur proche, de bâtiments producteurs d’un mix énergétique renouvelé, hybridant les systèmes, conclut Olivier Gresle. L’évolution est déjà en marche vers un nouveau modèle énergétique, avec plus de productions locales et un mélange de technologies, forcément interopérables. L’enjeu sera de gérer les flux d’énergie et d’équilibrer l’offre et la demande en temps réel. D’où la nécessité du numérique dans le bâtiment et d’exploitants qui qualifieront les données et utiliseront ces systèmes. Ensemble, ils joueront un rôle clé ! »

 

 

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