Le cadre de référence R2S 4 Care a été dévoilé le 30 novembre 2022 aux Hospices Civils de Lyon. Décliné du référentiel Ready2Services de la Smart Buildings Alliance, R2S 4 Care a été élaboré par la commission “Smart Hospital”, réunissant différents acteurs de la filière du bâtiment et de l’écosystème hospitalier, en étroite collaboration avec le club RéuSITH. Son ambition ? Faire du ‘’smart hospital’’ un atout au service des établissements de santé, des usagers et des territoires. Dans cette interview, les deux co-Présidents de la commission, Christophe Clément-Cottuz, expert en transformation numérique des établissements de santé chez CCube Expertise, et Jérémy Dréan, référent smart building chez Artelia, nous en disent plus sur R2S 4 Care, cette méthodologie structurante pour la mise en œuvre opérationnelle d’un projet ‘’smart hospital’’.

Peut-on encore imaginer un établissement de santé sans numérique ?

Christophe Clément-Cottuz – Il n’y a pas un seul directeur d’hôpital qui n’envisage pas l’utilisation du numérique dans son établissement. Néanmoins comment s’organiser pour mettre en place ce numérique dans le bâtiment hospitalier ? Peu d’entre eux le savent… Des entités, comme l’Agence Nationale d’Appui à la Performance sanitaire et médico-sociale (ANAP), veulent structurer cette numérisation de l’hôpital. Dans cette perspective, il convient de s’appuyer sur un cadre méthodologique qui permette aux solutions digitales d’être immédiatement opérationnelles. Un tel cadre n’existait pas, jusqu’au lancement de R2S 4 Care.

Jérémy Dréan – L’objectif est aussi de challenger la filière du bâtiment, pour que les intégrateurs et les constructeurs innovent en apportant de nouvelles fonctionnalités aux établissements de santé. C’est pour cela que nous avons élaboré le cadre R2S 4 Care qui fait appel à des règles de référence du numérique, par exemple sur la sécurité. Aujourd’hui, les ingénieurs hospitaliers subissent cette exigence de sécurité, pour garantir le fonctionnement des services du bâtiment à 99,9 %, et qu’il y ait une continuité d’activité permanente à l’hôpital. C’est vital ! Il est donc indispensable que les ingénieurs hospitaliers exigent dans leurs cahiers des charges que des engagements en matière de sécurité numérique soient pris et tenus. Le référentiel R2S 4 Care est ainsi une boîte à outils, qui va les aider à rédiger ces documents.

Comment le cadre de confiance R2S 4 Care a-t-il été élaboré ?

J.D – La mise au point de R2S 4 Care est le fruit d’une réflexion de plusieurs années qui nous ont permis de nous entourer d’un écosystème complet d’experts, tous acteurs de l’écosystème de la construction hospitalière : maîtrise d’ouvrage, intégrateurs, maîtrise d’œuvre, bureaux d’études, architectes… mais aussi des contributeurs issus directement de groupements hospitaliers. Elle s’est déroulée en trois étapes. La commission “Smart Hospital” avait d’abord l’objectif de délivrer une matrice servicielle, et de dessiner une cartographie de la vie du bâtiment et du parcours du patient. Dans un second temps, en 2020, nous avons rédigé l’ouvrage “De l’hôpital numérique au smart hospital”, sur la base de cette matrice en nous servant de cas d’usages et de retours d’expérience. Puis, nous nous sommes ensuite inspirés du référentiel Ready2Services et de sa mise à jour en juin 2022 pour appliquer la matrice servicielle à la construction du cadre R2S 4 Care.

C.C-C – Ce travail par étape nous a permis d’élaborer un langage commun à la filière et de juger de la valeur de notre démarche. L’hôpital est caractéristique, ce n’est jamais un bâtiment seul, il doit s’intégrer au sein d’une institution, qui dénombre déjà plusieurs bâtiments existants. Les Hospices Civils de Lyon, par exemple, regroupent un million de mètres carrés bâtis. Dans notre démarche de mise au point du référentiel, nous avons tenu compte de cet existant, qui a hérité de process et de pratiques. Nous avons donc défini des services numériques en cohérence avec le fonctionnement de l’institution et les bâtiments présents. C’est à cette condition qu’on aura une véritable continuité d’activité dans l’établissement.

Quels sont les fondamentaux du référentiel R2S 4 Care ?

C.C-C – Le cadre de confiance R2S 4 Care définit les prérequis en termes techniques, d’infrastructures et de services, pour aider les directeurs, ingénieurs et concepteurs de l’hôpital de demain à déployer une stratégie numérique au sein de leur établissement de santé. Pour construire les services numériques indispensables au ‘’smart hospital’’, R2S 4 Care est découpé en six thématiques. Les trois premiers thèmes concernent les principes techniques. D’abord, la connectivité, c’est-à-dire le transport de l’information, qu’il soit sans fil ou filaire, pour assurer la performance du réseau. Vient ensuite l’architecture réseau, autrement dit le déploiement et l’administration autour des éléments actifs, pour appliquer un objectif d’évolutivité et de sécurisation. Troisième principe technique : les équipements et interfaces, auxquels nous avons donné un objectif d’interopérabilité et d’ouverture. Ensuite, R2S 4 Care compte deux thèmes relatifs à la gouvernance des données. Le premier est lié à la sécurité numérique, dont le rôle est de définir le chiffrement et la sécurisation des données, et la mise en place d’un système de management de la sécurité. Cela passe par exemple par l’intégration de la Politique Générale de Sécurité des Systèmes d’Information en Santé (PGSSI-S), émise par l’Agence du Numérique en Santé, ou du règlement européen NIS2 qui a convenu récemment que les hôpitaux étaient devenus des Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) ou des Opérateurs de Services Essentiels (OSE), conduisant à des obligations de sécurité.

J.D – L’un des thèmes liés à la gouvernance porte sur le management responsable, pour que le déploiement des équipements numériques s’effectue en considérant des objectifs environnementaux, et sur le management smart de la construction de l’hôpital. Il convient en effet de prévoir un schéma directeur « smart » dès la phase de conception et d’associer la Direction de l’établissement au projet, pour tenir les objectifs dans le temps. Venons-en maintenant à l’ultime thématique : les services. Après avoir posé le socle des cinq autres thèmes, celle-ci est relative aux occupants, donc à l’apport de services tout au long de la vie du bâtiment, comme la géolocalisation, la gestion de l’occupation ou de l’énergie… La démarche R2S 4 Care intègre la possibilité à ces services d’évoluer au fil du temps et des usages, qui sont en cours de transformation afin de répondre notamment aux enjeux énergétiques et sanitaires actuels.

Pour quels bénéfices pour les établissements de santé et leurs usagers ?

C.C-C – Je résumerais en disant que R2S 4 Care permet de disposer de services de base dans le bâtiment et d’une conception qui prévoit une disponibilité d’activité proche de 99,9 %. Il vise à fournir une meilleure organisation de la gouvernance afin de prendre vraiment en compte les besoins des utilisateurs. Il sert ensuite à apporter des nouveaux services et usages à l’ensemble des acteurs hospitaliers : patients, personnels soignants, services supports, techniques et administratifs… Enfin, il permet de garantir un référentiel de données harmonisé, afin de mieux organiser la convergence entre les composantes techniques (OT – Operational Technology), les composantes numériques (IT – Information Technology), et les autres systèmes d’informations et applications externes du bâtiment hospitalier.

 J.D – Maintenant que le R2S 4 Care a été dévoilé, nous entendons diffuser ce cadre de référence auprès des décideurs du secteur hospitalier. Nous voulons aussi tester ce cadre de référence sur des projets d’établissement de santé. Nous lançons d’ailleurs un appel à candidatures à ceux qui seraient intéressés pour y participer. À termes, notre ambition, enfin, sera de transformer R2S 4 Care en label. À suivre…

 

 

 

Pour aller plus loin…

👉 Consultez le communiqué de presse dédié au lancement de R2S 4 Care 
👉 Consultez le support de présentation partagé lors de l’événement de lancement aux HCL – Hospices Civils de Lyon

 

Remerciements

La Smart Buildings Alliance remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage, l’ensemble des membres de la commission Smart Hospital de la SBA, ainsi que les membres du club RéuSITH animé par Éric Bardouillet, responsable du Service technique et biomédical au CHIC Marmande-Tonneins, et Frédéric Hamon, ingénieur hospitalier au CHU de Nantes.

Ce cadre de référence n’aurait pu voir le jour sans Marie-Paule Dayer (ex ABB robotics), Jérémy Dréan (Artélia) et Christophe Clément-Cottuz (C Cube Expertise), coprésidents de la commission Smart Hospital, qui animent ce groupe de travail depuis plusieurs années.

Nous adressons également nos sincères remerciements aux membres du club OT cybersécurité du GIMELEC pour leur contribution, ainsi qu’à tous les acteurs de l’écosystème hospitalier avec qui nous avons pu échanger et faire grandir notre vision du Smart Hospital.

Nous utilisons des cookies sur notre site

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d’intérêts. Plus d’informations