La question de l’intelligence artificielle anime les réflexions de nombreux acteurs du bâtiment, comme l’illustrent la publication du récent rapport de la FFB[1], la dernière journée d’échange de l’association Apogée[2] ou encore la diffusion du manifeste du Gimélec[3] sur le sujet. R2S, auto-adaptatif, human centric… mais au fait, de quoi s’agit-il vraiment quand on parle d’Intelligence Artificielle appliquée au bâtiment ? C’est à cette question fondamentale que la SBA ambitionne de répondre.   

« Il y a aujourd’hui une réelle prise de conscience de la filière du bâtiment sur les opportunités apportées par l’intelligence artificielle – et plus largement par le numérique – considérant la création de nouveaux services, les gains de productivité, la performance énergétique ou encore la réduction des coûts, » observe Sébastien Meunier, Président de la Commission IA appliquée au Smart Building. Une prise de conscience qui s’accompagne d’une transformation profonde des compétences et des métiers, comme l’atteste par exemple le changement d’acronyme de la FFIE devenue cette année la Fédération Française des Intégrateurs Électriciens, du nom des nouveaux professionnels du numérique dans le bâtiment.

[1] Intelligence artificielle et bâtiment. Comprendre, anticiper et agir : des opportunités pour la profession
[2]  « L’Intelligence artificielle dans l’immobilier. Présentation des meilleures initiatives 2019″. 11 septembre 2019
[3]  L’Intelligence Artificielle : agissons ensemble pour des bâtiments performants ”.

Poser un cadre pour l’Intelligence Artificielle dans le bâtiment fondé sur les usages

Face aux légitimes inquiétudes suscitées par l’intelligence artificielle, la SBA a pris le parti de ne pas aborder le sujet sous un angle technique complexe. Bien au contraire, sa conviction est qu’il est plus intéressant de présenter l’intelligence artificielle du point de vue de l’utilisateur. Il s’agit de montrer que l’Intelligence Artificielle, c’est de l’Intelligence Augmentée pour nous, humains, qui nous permet d’exécuter des tâches au service de tous les acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment, à commencer par ses occupants et ses exploitants.

Identifier cinq domaines d’application de l’Intelligence Artificielle dans le bâtiment

Sur le principe, l’objectif est finalement de proposer un bâtiment auto-adaptatif qui va, grâce à l’Intelligence Artificielle, s’adapter aux besoins des utilisateurs. Le premier travail de la commission a donc consisté à identifier l’ensemble des besoins dans le smart building. L’intelligence artificielle pourra ainsi s’appliquer dans cinq domaines : la conception et réalisation des ouvrages, la performance d’usages et des services, les interactions et l’aide pour les occupants, la continuité d’exploitation et la maintenance prédictive, et enfin le bâtiment connecté à son quartier. La commission a ensuite considéré l’intelligence artificielle sous l’angle des données et des systèmes (BIM[1], BOS[2]…), de la cybersécurité et de la protection des données, et enfin de l’éthique numérique et de la gouvernance. Sans données autorisées, fiables et qualifiées, on risque d’assister à un rejet de l’IA, et il sera alors impossible d’obtenir un cadre de confiance dans le Smart Building.

[1] Building Information Modeling
[2] Building Operating System

Définir les différents niveaux d’intelligence dans le Smart Building

Une fois ces bases posées, la commission a entrepris de décrire les niveaux d’Intelligence Artificielle en fonction des capacités d’autonomie des bâtiments. Premier niveau du Smart Building : le bâtiment répondant aux exigences du référentiel R2S. C’est l’un des fers de lance de la SBA ! En France, un premier million de m2 environ entame une mise à niveau R2S sur un milliard de m2 de bâtiments tertiaires existants. Ce sont des immeubles équipés d’une infrastructure digitale ouverte, qui peuvent déjà exécuter des scénarios de confort, d’efficacité énergétique et qui sont prêts pour déployer plus de services. Plus autonome, le bâtiment dit auto-adaptatif, s’adapte systématiquement aux usages réels. Avec un degré supérieur d’intelligence artificielle, il évolue par corrélations et permet d’effectuer de l’optimisation énergétique, des réservations dynamiques de salles de réunion et de la maintenance prédictive par exemple. Le dernier niveau du Smart Building serait le bâtiment human centric, qui, grâce à l’IA, anticiperait les besoins des occupants, avant même qu’ils surviennent. Même si les technologies existent déjà, c’est encore de la pure prospective, d’après les membres de la commission. Ces Smart Buildings pourraient abriter des bureaux le jour et des logements la nuit par exemple. Ils seront ainsi capables d’apporter des services aux occupants en amont même des usages. « Toute une proposition de valeur à écrire ! »

Un guide sur l’Intelligence Artificielle à l’usage des acteurs du bâtiment

Prochaine étape de travail : la rédaction d’un Thema destiné aux exploitants et directeurs immobiliers, sur l’évolution des niveaux d’intelligence artificielle dans le bâtiment. Ce guide, dont la publication est planifiée début 2020, est fondé sur l’inventaire des cas d’usage rencontrés dans un Smart Building et sur les recommandations de mise en œuvre. Une bonne dizaine a déjà été identifié, de l’existant au plus prospectif, pour ajuster finement le bâtiment aux besoins : optimisation des m2 de bureaux, gestion dynamique des salles de réunion, maintenance prédictive des moteurs (ventilation, ascenseurs…), prévision d’affluence au restaurant avec ses conséquences sur le pilotage de la ventilation ou la gestion de la chaîne du froid… « Jamais une telle analyse n’avait été réalisée, conclut Sébastien Meunier. Cet inventaire va nous permettre de définir les facteurs de succès du déploiement de l’intelligence artificielle dans le bâtiment et de spécifier des recommandations pour l’implémentation des technologies, très attendues dans le secteur. » À suivre !

 

 

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