Aménagement numérique : l’indispensable allié
de la rénovation thermique

 

Depuis sa création, l’aspiration de la SBA est de “Combiner transition énergétique et transition numérique”. Une aspiration plus que jamais d’actualité depuis le lancement des nombreuses initiatives de l’État en faveur de la rénovation thermique, en particulier le plan France Relance.

Pour que ce plan, qui prévoit de consacrer une enveloppe de près de 7 milliards d’euros pour la rénovation énergétique du bâtiment, porte réellement ses fruits, nous nous sommes posés la question à la SBA : comment faire pour que cette rénovation soit véritablement efficace et performante ? Nous avons dans cette perspective interrogé des acteurs du bâtiment et de la ville, d’activités et d’horizons différents.

C’est précisément ce que vous découvrirez dans ce nouveau BAROMÈTRE de la SBA, véritable carnet de tendances sur un sujet soigneusement sélectionné parmi ceux qui animent la filière.

Une rénovation thermique, qui doit aussi être globale

Quand on questionne un promoteur, une foncière, un syndic de copropriété et un bailleur social, tous sont convaincus par l’urgence de renforcer efficacement la performance énergétique des bâtiments. Et tous applaudissent des deux mains le coup de pouce du plan France Relance. Néanmoins, aucun d’entre eux n’envisage que la rénovation se limite à des travaux d’isolation. Cela ne fonctionne pas !

Il est en effet crucial d’aborder la rénovation du bâtiment dans sa globalité (du bâti au système de ventilation, en passant par le chauffage ou les ascenseurs…), ainsi qu’avec ce qui l’entoure (stationnements, espaces verts…). La rénovation doit intéresser tout ce qui peut être amélioré pour apporter plus de confort et de bien-être aux occupants. Au-delà de l’amélioration thermique, il convient également de sensibiliser les habitants, pour qu’ils deviennent acteurs. Si l’on chauffe son appartement à 22 °C plutôt qu’à 20 °C, même la meilleure des rénovations n’empêchera pas la surconsommation d’énergie. Dans le cadre de ces rénovations globales, il faudrait développer un pilotage du bâtiment, qui présente une vraie valeur ajoutée pour les habitants, et qui est à la fois évolutif et adaptable. C’est la voie empruntée par chacun des acteurs de la filière.

L’aménagement numérique renforce l’efficacité de la rénovation thermique

Une chose est certaine : l’aménagement numérique des bâtiments ne s’oppose pas aux opérations de rénovation thermique. Bien au contraire, il les complète. Avant tout, il permet de collecter les données réelles de consommation énergétique. Ce n’est pas un hasard si le plan France Relance encourage justement l’instrumentation des bâtiments, avec des moyens de comptage des dépenses d’énergie, même s’il faudrait faire encore plus selon la Commission rénovation énergétique et numérique de la SBA.

L’intérêt d’une infrastructure digitale est d’autant plus intéressante que la simple visualisation des données de consommation permet de faire des économies d’énergie pour un coût minime VS celui d’une rénovation. Des bailleurs sociaux, qui ont expérimenté l’intégration d’une colonne vertébrale numérique dans leurs résidences sont unanimes et revendiquent son intérêt démultiplicateur, en termes d’économies et de bien-vivre.

Cette infrastructure serait indispensable ne serait-ce que pour :

repérer les anomalies et éviter les incidents : fuite d’eau, mauvaise qualité de l’air…
● comparer les immeubles entre eux pour lancer des opérations de rénovation si les écarts sont               importants
● bien dimensionner une centrale de production d’énergie renouvelable
● s’assurer que les contrats d’énergie sont appropriés ou d’interagir avec le quartier.

La liste des bonnes raisons d’allier rénovation thermique et numérique est longue !

Passer au bâtiment numérique : comment franchir le pas pour une rénovation réussie ?

Depuis des années, les plans de rénovations thermiques se succèdent dans l’objectif de réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique, sans jamais l’atteindre. Le plan France Relance apporte un nouvel élan, promettant des effets sur l’environnement, l’emploi et la qualité de vie des Français. Mais cela sera-t-il suffisant ?

Pour Jean-Christophe Visier, Directeur de la Prospective du CSTB et chargé de Prospective sur le bâtiment de l’ADEME, il faudrait d’abord que les filières professionnelles soient convaincues qu’une « rénovation intelligente d’un bâtiment touche à la fois le bâti, les systèmes actifs et le numérique » et qu’elles travaillent de concert pour équilibrer les budgets entre investissement et bénéfice. Si elles orientaient leurs travaux vers la sobriété énergétique, ce serait encore mieux : la sobriété permet de partager des espaces entre plusieurs usagers, pour les occuper en permanence et ainsi ne pas consommer de l’énergie inutilement.

De son côté, Xavier Dalloz, consultant sur l’utilisation des nouvelles technologies dans les entreprises, est persuadé que même les incitations financières ne suffiront pas à enclencher la dynamique de la rénovation numérique des bâtiments. « Tout cela coûte cher, avec l’éventualité de perdre son investissement sans bénéfice. Pour limiter le risque, on peut le partager. » Il conviendrait aussi de déplacer la valeur vers le numérique plutôt que vers le chauffage. Un peu à l’image des fabricants de café en dosettes…

Vers la numérisation à l’échelle du territoire

L’échelle du bâtiment n’est clairement pas suffisante pour massifier la digitalisation en France. Des quartiers et des villes, petites, grandes et moyennes, ont donc déjà fait le pari du smart à l’échelle de leur territoire.

Jérémy Nestel, Directeur de l’Innovation et du territoire intelligent de Nevers Agglomération, pense que les villes doivent se transformer pour consommer moins d’énergie et émettre moins de gaz à effet de serre. La rénovation thermique est une solution, la production et le stockage d’énergies renouvelables en est une autre. Et « pour orchestrer le tout, la ville a besoin ″d’intelligence″. […] Il n’y aura pas de rénovation énergétique performante, si les données sont traitées isolément. La ville est un écosystème complexe, et ses acteurs doivent mutualiser leurs efforts pour avancer ensemble. » Il convient de passer d’une logique de silos à une logique de réseaux, et mettre le citoyen au cœur de la démarche.

L’avis est partagé par Étienne Vignali, Chef de projet Développement Durable et Innovation à la Société Publique Locale de Lyon-Confluence, qui a réuni des dizaines d’acteurs publics et privés dans la réhabilitation du quartier lyonnais : aménageurs, architectes, collectivités, bailleurs, promoteurs, associations… La SPL s’est ainsi engagée dans une démarche de retours d’expérience, pour « produire des recommandations sur la conception d’un programme de rénovation, pour qu’il soit performant, [et] sur le suivi de la qualité des travaux et de l’exploitation. »

Pour la SBA, la numérisation des territoires passera par une meilleure compréhension des enjeux par tous les acteurs du bâtiment et de la ville, et doit se faire en parallèle des rénovations énergétiques et avec le concours des citoyens. C’est en tout cas l’avis partagé par tous les contributeurs qui ont participé à ce BAROMÈTRE et que nous vous invitons à lire.

La SBA s’oriente donc sur cette voie. Parmi ses projets dans la perspective de porter le numérique dans les projets de rénovation énergétique sur les territoires, elle réfléchit avec des organisations professionnelles et des pouvoirs publics. Elle développe aussi un simulateur destiné aux collectivités pour les aider à mieux appréhender les solutions de pilotage numérique, dans le cadre des rénovations des bâtiments.

À l’heure où des établissements hospitaliers ont subi des cyber-rançonnages (Dax, Villefranche-sur-Saône), où des villes ont été attaquées (Angers, Chalon-sur-Saône), nous avons lancé un nouveau BAROMÈTRE dédié à la Cybersécurité : quelles sont les nouvelles menaces, les technologies efficaces de cybersécurité, les stratégies de lutte contre les cyberattaques… Réponses dans le prochain BAROMÈTRE avec une dizaine d’acteurs concernés, des autorités de défense contre les cybermenaces aux éditeurs de solutions logicielles.

 

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